Suivez-moi, mettez votre maître dans cette salle, dit-elle en désignant la salle d'opérations.
Tandis que les valets impressionés tant par Mère Ovingienne que par l'état de leur maître déposaient celui-ci sur une table, l'infirmière commençait à le déshabiller tout en s'enquiérant des circonstances de l'accident.
C'est à ce moment que Sydoine arriva en courant, Spadassin sur ses talons.
D'un oeil, elle embrassa la scène : les valets livides ou résignés, le majordome froid et minéral, et Mère Ovingienne efficace et affairée comme toujours.
Tout le monde dehors ! Sauf vous ! dit-elle en s'adressant au majordome tout en enfilant un tablier en toile grossière.
Expliquez-moi sur l'instant ce que vous savez des évènements !
Spadassin, à la porte !
Mère Ovingienne, vous savez ce que vous avez à faire !
Tout en donnant ses ordres, elle adressa un coup d'oeil entendu à la soeur qui sorti rapidement.
Sur la table, une petite mare de sang commençait à s'épendre.
Le majordome s'exprima d'une voix dépourvue d'émotions :
Monsieur le duc était sorti de bonne heure ce matin, comme à son habitude pour faire sa promenade à cheval quotidienne...
Sydoine le coupa sèchement :
Je n'ai que faire des habitudes de votre duc ! Je vous demande les faits !
Le majordome opina du chef et reprit :
Monsieur le duc montait un jeune cheval, l'animal était fougueux et imprévisible. A son retour au chateau, Monsieur le duc mettait pieds à terre lorsque sa monture fut effrayée de quelque chose et fit demi-tour entrainant Monsieur le duc avec elle.
Monsieur le Duc, n'ayant pu lacher ses brides fut emporté et trainé sur une assez considérable distance avant que nous puîmes le délivrer.
Nous vous l'avons ensuite mené ici avec la plus grande célérité.
Je me dois de vous avertir que Monsieur le duc n'a reprit connaissance du trajet.
Non, et c'est mieux pour lui, grinça Sydoine en mettant à nu la bouillie sanglante de l'avant-bras.
Sortez maintenant.